Zéro émission nette par opposition à neutralité carbone

Que signifie “zéro émission nette” pour les entreprises, et en quoi est-ce différent de la “neutralité carbone” ? Agendi vous explique ces deux concepts et les tendances pour définir et atteindre des objectifs de “zéro émission nette”.
novembre 2020

Les engagements zéro émission nette sont en hausse

En réponse à l’appel à une action mondiale contre le changement climatique, les promesses des pays et des entreprises d’atteindre zéro émission nette ont enregistré un nombre record ces dernières années. En juillet 2020, un quart des émissions mondiales et plus de la moitié de l’économie mondiale étaient couverts par des engagements et/ou des objectifs de zéro émission nette d’ici 2050. 

En octobre 2020, plus de 300 entreprises privées, représentant un total de 3 600 milliards de dollars, s’étaient engagées à atteindre zéro émission nette d’ici 2050 ou à aligner leurs objectifs de réduction des émissions sur le scénario de réchauffement à 1,5 °C. 

Concomitamment, environ 200 entreprises se sont fixé des objectifs conformes au scénario de réchauffement à 1,5 °C, en utilisant le cadre de référence de la “Science-Based Target initiative” (SBTi).

En dépit d’une ambition climatique en pleine croissance, certaines incohérences apparaissent

Les données scientifiques publiées par le GIEC nous permettent de comprendre clairement ce que signifie “zéro émission nette” au niveau mondial, mais comment cela se traduit-il au niveau des entreprises qui souhaitent agir pour le climat ? À ce jour, il manque une définition commune du concept de “zéro émission nette” pour les entreprises.

Il en résulte des objectifs de réduction des émissions incohérents, des malentendus sur la manière dont les crédits de compensation carbone interagissent avec les objectifs de zéro émission nette, et une confusion entre les deux concepts de “zéro émission nette” et “neutralité carbone”. Ces problèmes ont été reconnus et le prochain cadre de la “Science-Based Target initiative” (SBTi) établira une norme claire pour le concept de “zéro émission nette” pour les entreprises.

Zéro émission nette : le contexte

Afin d’atteindre une probabilité de 50 % de limiter le réchauffement climatique à 1,5 °C d’ici la fin du siècle et d’éviter ainsi les pires effets du changement climatique, nous devons veiller à ce que la concentration de gaz à effet de serre dans l’atmosphère ne dépasse pas un seuil de 478 parties par million de CO2e. Les publications du GIEC montrent que pour éviter de dépasser ce seuil, les émissions mondiales doivent atteindre un niveau de “zéro émission nette” d’ici 2050. Deux critères essentiels doivent être respectés pour y arriver :

  • L’élimination presque complète de toutes les sources d’émissions de GES.
  • Le retrait d’une quantité de dioxyde de carbone de l’atmosphère équivalente à la quantité de GES que nous ne pouvons pas éliminer.

Zéro émission nette : les détails

Avec le scénario de réchauffement à 1,5 °C dans lequel les émissions atteignent un niveau “net zéro” d’ici 2050, les différents secteurs se décarbonent à des rythmes différents en raison de leurs capacités technologiques propres. Cela signifie que le niveau des émissions restantes provenant de différentes sources à différents moments variera entre les secteurs et les industries jusqu’en 2050. En raison des contraintes techniques et financières auxquelles la société est confrontée, il est jugé irréaliste d’atteindre un niveau “brut zéro” (c’est-à-dire de réduire à zéro les émissions de toutes les sources) d’ici à 2050. Nous devons donc équilibrer les émissions mondiales inévitables ou “résiduelles” en retirant activement une quantité équivalente de dioxyde de carbone de l’atmosphère, afin de parvenir à des émissions globales “nettes zéro”. C’est pour équilibrer ces émissions résiduelles que nous avons besoin de solutions de capture et de stockage du CO2, comme celles qui sont financées par certains crédits carbone.

Image Source: WRI

Zéro émission nette par opposition à neutralité carbone

La neutralité carbone implique qu’une entreprise prenne des mesures pour éviter d’émettre ou retirer de l’atmosphère une quantité d’émissions équivalente à celle qu’elle produit dans le même laps de temps. C’est ce que l’on appelle aussi la “compensation carbone”. Les entreprises compensent leur empreinte écologique en achetant chaque année suffisamment de crédits carbone pour couvrir leurs émissions annuelles absolues de gaz à effet de serre. Leur statut de neutralité carbone peut alors être reconnu par des systèmes de vérification indépendants et crédibles.

Atteindre la neutralité carbone constitue un défi remarquable qui peut contribuer à l’objectif de zéro émission mondiale, mais la neutralité carbone seule est distincte de l’objectif de zéro émission nette pour les entreprises.

Zéro émission nette pour les entreprises implique que les émissions provenant des différentes chaînes de valeur, couvrant différents secteurs, soient réduites en termes absolus au même rythme et à la même échelle que les réductions d’émissions définies par le scénario de réchauffement à 1,5 °C.

Ainsi, alors que la “neutralité carbone” implique qu’une entreprise prenne des mesures pour éliminer et stocker au moins la même quantité d’émissions que celle qu’elle produit dans un délai donné, la neutralité carbone n’implique pas nécessairement “zéro émission nette”.

L’interprétation de “zéro émission nette” a donc prévalu de manière incohérente parmi les entreprises ambitieuses du monde entier qui cherchaient à aligner leurs émissions sur l’objectif “net zéro” mondial. Si certaines entreprises sont parvenues à atteindre la neutralité carbone, elles n’ont pas forcément réduit les émissions de leur chaîne de valeur en termes absolus conformément aux exigences de l’objectif “net zéro” mondial.

Le nouveau cadre de la SBTi pourrait harmoniser les objectifs de zéro émission nette

La SBTi est en train de corriger les incohérences des objectifs de zéro émission nette en élaborant un cadre standard, basé sur la science, pour les entreprises. Ce nouveau cadre, qui sera publié en novembre 2021, définira les critères pour réduire les émissions de différentes sources sectorielles tout au long de la chaîne de valeur des entreprises jusqu’en 2050.

Pour garantir l’alignement des efforts des entreprises sur l’objectif de zéro émission nette, celles-ci devront déterminer les niveaux d’émissions autorisés pour les différentes activités de leur chaîne de valeur à différents moments, les réductions d’émissions devant être réalisées à un rythme et à une échelle compatibles avec les mesures d’atténuation visant à limiter le réchauffement à 1,5 °C sans dépassement ou avec un dépassement limité.

La SBTi va également clarifier le rôle que peut jouer la capture de CO2 dans la fixation d’objectifs de zéro émission nette. L’achat de crédits carbone peut compléter, mais pas remplacer, les réductions absolues des émissions de la chaîne de valeur des entreprises, et ces dernières devront utiliser des méthodes de capture et de stockage du carbone pour neutraliser leurs émissions résiduelles autorisées.

Le prochain cadre de la SBTi sur les objectifs de zéro émission nette sera probablement vital pour aligner les efforts des entreprises et garantir que nous soyons sur la bonne voie pour limiter le réchauffement climatique à 1,5°C. Si ce futur cadre est susceptible d’inciter les entreprises à accroître leurs ambitions, il ne devrait pas les dissuader de prendre dès aujourd’hui des mesures fortes fondées sur des données scientifiques en matière de climat. La mise en œuvre d’une stratégie climatique ambitieuse, qui prévoit des réductions absolues des émissions, l’utilisation mesurée de crédits carbone et des stratégies de capture et de stockage durable du carbone pour neutraliser les émissions résiduelles, garantira que ces entreprises contribuent à l’objectif de “zéro émission nette” mondial et qu’elles seront bien placées pour déjà s’aligner sur le prochain cadre de la SBTi.

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